Cliquez ici pour revenir à la liste

Franz Joseph Haydn est né en 1732 à Rohrau an der Leitha situé à la limite de l'Autriche et de la Hongrie. Contrairement à de nombreux compositeurs, sa famille n'est pas musicienne. Il est le deuxième des douze enfants du charron Mathias Haydn et l'aîné des fils. Les renseignements sur l'enfance de Haydn sont fort peu nombreux. Bien que n'ayant eu aucune formation musicale, son père chante fréquemment des chants populaires et joue de la harpe sans connaitre les notes. Ce sera le premier contact du jeune Joseph avec la musique. Dès l'âge de cinq ans, les dons de Joseph Haydn pour la musique sont déjà remarqués. Johann Mathias Franck, un parent instituteur et organiste à Hainbourg l'emmène en pension. Le futur compositeur, malgré une discipline de fer, fait des progrès considérables. A l'âge de sept ans, Haydn entre comme chanteur à la manécanterie de Saint Etienne de Vienne après une tournée de recrutement de Reutter maitre de chapelle à la cathédrale St Etienne. Il y restera jusqu'à l'âge de dix huit ans. L'instruction musicale n'est pas très poussée notamment dans le domaine théorique. Sa voix mue et Ruetter le renvoie pour un motif futile. Seul, sans ressources, il fait la connaissance de Spangler ténor et musicien itinérant. Haydn donne alors des cours de musique et grâce à Metastase qui habite la même maison, il devient l'élève du compositeur Nicolas Porpora. En quelque sorte, il lui sert d'assistant de 1753 à 1755. Porpora lui apprend les principes fondamentaux de la composition et l'aide à pénétrer les milieux influents de la noblesse. Joseph Haydn commence à composer (Missa brevis en 1750, divertissements, cassations).

Haydn écrit son premier quatuor à cordes et obtient un joli succès. En 1758, il est employé en tant que maître de chapelle au service du comte von Morzin qui sera son premier emploi stable. Les symphonies et quatuors composés à cette époque connaissent du succès et sont diffusés à travers l'empire. Le prince Paul Anton Esterhazy assistera à la représentation de la première symphonie de Haydn et sera conquis. En 1760 il épouse Maria Anna Keller, fille d'un perruquier, geste qu'il va rapidement regretter car celle-ci est une véritable mégère totalement indifférente à la musique. Le comte Morzin étant pour des raisons financières obligé de se défaire de son orchestre, Joseph Haydn est engagé en 1761 par le Prince Esterhazy dont il devient le compositeur attitré. Cette dynastie d'aristocrates n'est pas une des plus anciennes familles de Hongrie mais une des plus riches. Depuis 1662, la résidence du prince Esterhazy est à Eisenstadt à une cinquantaine de kilomètres au Sud-Est de Vienne. Le premier violon de l'orchestre du Prince est Luigi Tomasini compositeur passé à la postérité. Le traitement d'Haydn est confortable et il peut envisager l'avenir avec sérénité. La même année, il écrit les symphonies n°6 "matin", n°7 "midi" et n°8 "soir". Le Prince Nicolas II règne à partir de 1762 et fait construire un magnifique chateau nommé Esterhaz terminé en 1776 et complétement aménagé en 1784. C'est une splendeur et il comporte 1026 chambres un opéra de 400 places... Pendant plus de 20 ans, fêtes, galas, représentations y seront données. Haydn a à sa disposition un orchestre de premier ordre mais dut collaborer pendant cinq ans avec Werner, maître de chapelle en titre. Il doit faire face aussi à quelques conflits avec ses musiciens ou avec les intendants du palais. Il ressent aussi un certain isolement à Esterhaz mais, à la tête de cet orchestre, il peut faire des expériences ce qui en fera un remarquable compositeur. Au fil des ans, il recherche davantage de contacts avec l'extérieur. En 1769, il dirige à Vienne son opéra bouffe : Lo Speziale (1768), en 1775 son oratorio Il Ritorno di Tobia dont le livret est du frère de Boccherini. Il écrit pour la cour du Prince de nombreuses oeuvres : opéras (L'Infedeltà delusa, 1773, Orlando paladino, 1782, Armida, 1784), musique religieuse (Stabat mater, 1767 qui aura un succès européen, Missa sancta Caecilia, 1773), Symphonie "des adieux", (1772). En 1779, arrive à Esterhaz la chanteuse Luiga Polzelli. Il connaitra quelques relations extra conjugales avec elle. Le Prince prenant goût à l'opéra italien, Haydn sera obligé de déployer une activité considérable dans ce domaine en créant ses opéras mais aussi en jouant ceux de ses confrères (Piccini, Grétry...). De 1780 à 1790, il s'occupera de 96 opéras. A partir de 1779, le contrat qui prévoyait que les oeuvres de Haydn appartenait au Prince Esterhazy est modifié. Il peut dorénavant éditer ses oeuvres. Il noue alors en 1780 des liens durables avec la maison d'édition Artaria (chez qui Mozart a également édité des partitions) qui publie toutes ses compositions de 1780 à 1790. La célébrité du compositeur ne cesse de grandir en Europe. Dans ses dernières années à Esterhaz, il n'écrit pratiquement plus pour le Prince Nicolas. En 1785 et 1786, il écrit la série des six symphonies dites parisiennes pour les concerts de la loge Olympique à Paris (il a touché 25 louis d'or pour chacune de ces oeuvres). L'isolement à Esterhaz commence à lui peser réellement d'autant qu'à Vienne il rencontre des personnes qui lui deviennent chères tel que Mozart. Leur première rencontre a certainement eut lieu en 1784. Le 14 janvier 1785, Mozart achève le dernier des six quatuors qu'il dédie à Haydn. Celui-ci dira devant le père de Mozart : "Je vous dis devant Dieu et en honnête homme que votre fils est le plus grand compositeur dont je connaisse le nom et la personne; il a du goût et en plus la plus grande science musicale". Les deux compositeurs auront une amitié réciproque. En décembre 1987, Haydn écrira en parlant de Mozart : "Si je pouvais imprimer dans l'âme de chaque amateur de musique, et principalement dans celle des grands de ce monde, ce que je ressens devant les inimitables travaux de Mozart, les nations rivaliseraient pour posséder un tel joyau dans leurs murs".

Après la mort du prince Esterhazy en 1790, le fils Paul Anton n'ayant aucun goût pour la musique laissa Haydn maitre de chapelle mais licencia l'orchestre. Celui-ci décide de s'établir à Vienne et les propositions affluent. Sur la demande grassement payée de Salomon, organisateur de concerts à Londres, il y effectue également deux séjours et quitte pour la première fois son pays. La première saison commence en janvier 1791. Il compose quelques symphonies de la série dite londonienne qui lui valent une réputation considérable. C'est là-bas qu'il apprend la mort de Mozart et il est "hors de lui" ne comprenant pas que "la providence rappelle aussi tôt un homme aussi indispensable". Il quitte Londres en juillet 1992. Au retour, il fait étape à Bonn où on lui présente le jeune Beethoven à qui il promet de lui donner quelques leçons à Vienne. De retour dans la capitale viennoise, il donne les cours promis à Beethoven mais celui-ci, sans doute trop pressé, contacte d'autres professeurs. Néanmoins, Haydn influencera le jeune compositeur à ses débuts.

Début 1994, Il effectue son deuxième séjour à Londres. Il part avec dans ses bagages les symphonies n°99, 100 et 101 déjà commencées et quelques quatuors à cordes. La n°100 "militaire" vaudra à Joseph Haydn un triomphe sans précédent. La dernière symphonie n°104 "London" fut créée en mai 1795. Il quitte définitivement les îles britanniques le 15 août 1795. Il aura durant ce séjour considérablement augmenté ses finances et son prestige international. De retour en Autriche, il trouve un nouveau Prince qui le nomme maitre de chapelle et lui demande simplement de lui composer une messe par an pour la fête de sa femme (Heiligmesse, Missa in tempori belli, Missa in angustiis, Theresienmesse...). Haydn compose de 1797 à 1798 "La Création", un oratorio généralement considéré comme le sommet de sa carrière et sommet de la musique tout simplement. Jusqu'en 1805, vivant essentiellement à Vienne, il manifesta une grande activité créatrice (Six derniers quatuors à cordes, 1797, la Création, 1798, les Saisons autre oratorio célèbre, 1801). C'est un compositeur couronné. les honneurs lui viennent d'Amsterdam, de Stockholm, de Paris...De nombreux compositeurs et biographes viennent le visiter. Il fait sa dernière apparition publique le 27 mars 1808 pour la représentation de La Création dirigée par Salieri. Couvert d'honneurs mais affaibli par la maladie, il meurt le 31 mai 1809 à soixante dix sept ans. Napoléon vient d'entrer pour la seconde fois dans la capitale autrichienne. Il fera placer une garde d'honneur à sa porte. Les restes de Joseph Haydn ont été transportés en 1932 dans un mausolée à Eisenstadt.

Soixante-dix-sept quatuors à cordes, cent quatre symphonies dont nombre d'entre elles ont un surnom, vingt concertos pour piano, une vingtaine d'opéras et de nombreuses production à caractère sacré témoignent de l' activité de cet homme que ses contemporains tiennent pour le meilleur musicien de son époque. Cette productivité le desservira parfois car certains ont estimé que qualité ne rimait pas avec quantité. Au cours de ces dernières décennies, l'établissement du catalogue thématique de son oeuvre (Hobboken) et l' édition monumentale de son oeuvre, ont rétabli à sa juste place ce compositeur. Il est, avec Mozart, la figure majeure du classicisme viennois. Il a promu au plus haut niveau la forme sonate dans le répertoire du clavier, du quatuor à cordes et de la symphonie.