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Dimitri Dmitrievitch Chostakovitch est né à Saint-Pétersbourg en 1906. Son père est un ingénieur d'origine polonaise. Comme nombre de compositeurs, Chostakovitch est un élève très doué. A dix ans, il compose sa première pièce : le soldat puis à onze ans La marche funèbre en mémoire aux victimes de la révolution. Un de ses camarades est tué sous ses yeux par la police du Tsar. Il s'en souviendra toute sa vie et adhère très vite aux idées de la révolution. A l'âge de treize ans, il entre au Conservatoire de Petrograd. Son père décède brusquement en 1922. Pour subvenir aux besoins de la famille, sa mère trouve un emploi de secrétaire et sa soeur donne des leçons de piano. Pour comble de malheur, Dimitri sera atteint de la tuberculose. En 1924, sa mère perd son travail et il est alors obligé de travailler, il accompagne au piano des films projetés dans une salle de cinéma.

A l'âge de dix neuf ans, en 1925, il a composé sa première symphonie. Les chefs d'orchestre Walter, Stokowski, Toscanini la feront triompher dans le monde entier. Il peut alors se consacrer entièrement à la composition car sa notoriété lui ôte tout souci financier. De 1925 à 1935, il écrit ses oeuvres les plus modernes voire téméraires. Les deux symphonies 2 et 3 seront critiquées en raison de leur modernisme outrancier. Deux opéras : Le Nez et Lady Macbeth du gouvernement de Mzensk, deux ballets : l'âge d'or et le boulon montrent son adhésion à "l'avant-garde" et lui valent un premier rappel à l'ordre en 1936 par les autorités du pays. Entre-temps, il épouse Nina Varsar dont il a une fille Galina en 1936 et un fils Maxime en 1938 qui deviendra chef d'orchestre. Malgré le succès international de Lady Macbeth, l'URSS condamne cette oeuvre qui n'est pas "dans l'esprit socialiste". Il doit comparaitre devant l'Union des compositeurs soviétiques. Il est invité à produire des oeuvres à tendance "héroïque et sociale". La cinquième symphonie, sans doute la plus facile d'accès, est une oeuvre harmonieuse qui remporte un immense succès. La 7ème et 8ème symphonie évoquent la résistance de Leningrad, la 9ème est la symphonie de la victoire. Il est pourtant à nouveau la cible des critiques officielles. Le rapport "Jdanov" lui vaut un autre rappel à l'ordre. Il compose alors un chef d'oeuvre : le chant des forêts (1949) et se concentre sur la musique de film.

Sa dixième symphonie le réhabilite définitivement. Il parcourt le monde pour défendre la paix et reçoit le Prix Nobel. Jusqu'à la mort de Staline, il sut tenir une position équilibrée entre les oeuvres nationalistes et de circonstance et les exigences de sa propre inspiration musicale. Staline décède en 1953 et il compose la onzième symphonie célébrant les prémices de la révolution qui reçut le prix Lénine. Une libéralisation progressive lui permettra par la suite de s'exprimer librement. A la fin de sa vie, il peut voyager, prendre parti pour le pacifisme, et compose de 1968 à 1973, en dépit d'une santé altérée, ses quatre derniers quatuors à cordes (il en a composé quinze). Jusqu'à la fin de sa vie, il écrit pour le régime soviétique auquel il a fait "don" de sa musique. Il meurt d'une attaque le 9 août 1975 dans l'isolement alors qu'il est une vedette internationale.

La pensée de Chostakovitch est foncièrement polyphonique. Il utilise des motifs plutôt que des mélodies. Son orchestration doit beaucoup à Tchaikovski qu'il considère comme un modèle. Il est également admirateur de Mahler. L'artiste s'interroge avec angoisse sur le sens de la vie, la solitude de l'homme et la mort. Avec sa dernière symphonie (1971), sa vision devient apaisée, plus sereine.