Lexique de la Musique Symphonique
Lexique de la Musique du Monde
Lexique de la Musique de chambre
Lexique de la Musique Instrumentale
Lexique de la Musique Vocale

A CAPPELLA : Dans son acception actuelle, la plus large: sans accompagnement instrumental.

AGOGIQUE: néologisme, d'après l'allemand Agogik. Désigne les légères modifications ou fluctuations de tempo apportées à la stricte notation musicale pour satisfaire aux nécessités de l'expression, voire au caractère d'une phrase musicale (par exemple, le rubato; v. ce mot). Par extension, s'applique à « la théorie du mouvement dans l'exécution musicale » (Science de la Musique, Bordas, Paris 1976).

AMBITUS : synonyme d'étendue, de la note la plus grave à la note la plus élevée. A distinguer de tessiture, - étendue dans laquelle une « voix » évolue avec un maximum d'aisance; et, par extension, sorte d'étendue moyenne des notes qui, dans un morceau, reviennent le plus fréquemment.

ANACROUSE: note(s) initiale(s) d'un morceau extérieur(es) au premier temps fort de la mesure. S'applique aussi à toute note qui, au cours du morceau, forme, avec une valeur plus accentuée lui faisant suite, un motif rythmique continu.

APPOGIATURE: de l'italien. Son dissonant et étranger à l'accord avec lequel il résonne (un demiton au-dessus ou au-dessous), - qui précède et prend momentanément la place de la note réelle de cet accord. C'est un accent expressif se jouant de façon plus « appuyée » que cette note réelle.

ARMURE (ou ARMATURE): ensemble des accidents placés en tête de chaque portée après la clef. Ils désignent ainsi toutes les notes altérées constitutives de la tonalité choisie.

ARPÈGE (ou ARPÈGEMENT): terme issu du jeu de la harpe. Exécution successive, mais rapprochée, des notes d'un accord du grave à l'aigu (ou inversement) ; l'arpège est « brisé » si les notes ne sont pas émises dans l'ordre normal.

AUGMENTATION: stricto sensu, c'est la prolongation de la durée d'une note par l'adjonction de la moitié de sa valeur. Dans les morceaux de style contrapuntique (v. ce mot), il s'agit de la répétition en valeurs plus longues d'un thème ou d'un motif (cas fréquent de la fugue, - dont le sujet est repris en augmentation).

BASSE D'ALBERTI : formule d'accompagnement en accords brisés répétés pendant plusieurs mesures.

BATTERIE: en dehors de l'ensemble des instruments à percussion, s'applique à une formule d'accompagnement soit en accords arpégés, soit en accords brisés (v., ci-dessus, Basse d'Alberti).

BRODERIE: synonyme de notes d'agrément (ex. gruppetto, trille, etc.), dans un sens élargi, équivalent d'ornements (v. ce mot) ou de variation.

CADENCE (ou CADENZA): phrase conclusive, ou formule mélodique (voire harmonique) terminant une phrase musicale. Par extension, improvisation solistique, généralement virtuose, et placée en principe avant la fin d'un mouvement, le plus souvent de concerto.

CADENCE PLAGALE: relève d'une classification de l'harmonie traditionnelle selon laquelle la cadence plagale - qui est courante - correspond à un enchaînement de la sous-dominante à la tonique (v. ce mot). On distingue aussi les cadences parfaites - de la dominante à la tonique -, imparfaites, rompues, etc. La cadence parfaite est la plus conclusive ; la cadence plagale l'est également, mais de façon moins affirmative.

CANONIQUE: se rapporte au canon, - type d'écriture contrapuntique dans lequel les « voix » énoncent le même motif (mélodique et souvent rythmique), mais décalées les unes par rapport aux autres, à des distances variables et à des hauteurs différentes. Les mélodies, décalées, se contrepointent mutuellement.

CANTABILE: mot italien. Par analogie avec la musique vocale, désigne dans la musique instrumentale une pièce ou un passage dont le caractère mélodique « chantant » est mis en relief.

CANTUS FIRMUS: au sens large, donnée mélodique principale d'une polyphonie lui servant de point de départ et de développement. Dans un sens plus strict, mélodie indépendante en valeurs longues, souvent égales, dominant toute la composition polyphonique (v. ce mot).

CARRURE: construction par symétrie partageant la phrase musicale en fragments d'égale durée (par groupes de deux, de quatre, de huit mesures, etc.), et ponctués par un repos, une cadence, ou toute autre formule.

CHROMATIQUE: faisant l'emploi d'une succession d'altérations des degrés de l'échelle fondamentale (un demi-ton vers le grave ou vers l'aigu). La gamme chromatique fait se succéder douze demi-tons diatoniques (v. ce mot) et chromatiques à l'octave.

CLUSTER: mot anglais. Agrégat sonore superposant le plus généralement des demi-tons et quarts de ton, comme s'il s'agissait d'une seule et même note. Entre l'accord et le bruit, c'est un effet recherché dans l'écriture orchestrale depuis les années 1950, - alors qu'il était déjà exploité au piano depuis plus d'un quart de siècle.

CODA: mot italien (= queue). Employé, très généralement, comme synonyme de conclusion, de péroraison.

COL LEGNO : locution italienne (= avec le bois). Sur les instruments à archet, consiste à utiliser la baguette de celui-ci (et non les crins), en frappant légèrement les cordes ou en les frottant. V. aussi Sul ponticello.

CONCERTO: mot italien (du latin « concertare » = lutter, rivaliser). De l'histoire de cette forme majeure de la musique occidentale, nous ne présentons qu'un très bref aperçu : le terme, apparu en Italie au XVIe siècle, désigna des pièces vocales principalement religieuses, - avec accompagnement d'orchestre ou d'orgue. L'époque baroque vit naître deux types de concerto: le concerto grosso groupant plusieurs solistes (concertino) opposés à l'ensemble instrumental (ripieno), et le concerto pour un seul soliste opposé à l'orchestre. C'est ce dernier qui, évoluant largement, connaîtra les plus belles heures de gloire, - avec, en particulier, sa répartition formelle tripartite (allegro-adagio-allegro), et ses exigences, pour le soliste, à la fois d'expression et de virtuosité (par exemple, Beethoven d'une part, et Paganini de l'autre). De nos jours, le concerto - quoique souvent bousculé dans sa répartition et dans ses équilibres - conserve tout son prestige auprès des compositeurs (v. Dutilleux, ou Henze).

CONTINUO: abréviation pour basse continue (Basso continuo). Très généralement, série d'accords à la basse instrumentale destinés à soutenir harmoniquement une composition. V. aussi Ostinato.

CONTRAPUNTIQUE: respectant les règles du contrepoint, - discipline essentielle de la composition dans la musique occidentale. Tandis que l'harmonie, autre discipline fondamentale, s'intéresse à l'enchaînement des accords, le contrepoint envisage la conduite de deux ou plusieurs lignes mélodiques indépendantes et simultanées à partir d'un thème donné. V. également Harmonique.

CONTRE-CHANT: « ligne mélodique secondaire (ou second thème) opposée ou associée à la ligne mélodique principale (ou thème) » (Science de la Musique, Bordas, Paris 1976).

DA CAPO: locution italienne (= du commencement). Indication de reprise d'un morceau à son début (jusqu'à l'endroit marqué « Fine »), la forme Da capo peut être schématisée par A B A (après la partie centrale B, reprise de la partie A formant conclusion).

DÉVELOPPEMENT. désigne, très généralement, toute la partie d'une composition musicale dans laquelle l' « idée » est « travaillée » après son exposition (v. ce mot). Thèmes, motifs mélodiques ou rythmiques sont modifiés, amplifiés ou morcelés, - suivant des procédés d'élaboration extrêmement'variés (rythme, harmonie, dynamique, mesure, tempo, etc.). Dans la fugue (v. ce mot), le développement se situe après Pexposition du sujet dans toutes les « voix ». Dans la forme sonate (v. ce mot), il est la partie médiane entre exposition et réexposition.

DIATONIQUE: faisant l'emploi des intervalles normaux de la gamme naturelle, - par tons et demi-tons (ces derniers ne se succédant jamais immédiatement). Autrement dit, il y a diatonisme quand n'apparaît pas plus d'un demi-ton de suite dans la succession des degrés de l'échelle ; sinon, v. Chromatique.

DIMINUTION: dans une pièce de style contrapuntique (v. ce mot), procédé de présentation du thème en valeurs moindres que celles de son exposition. Le contraire est l'augmentation (v. ce mot). Plus généralement, synonyme d'ornementation, dans laquelle un motif mélodique est passagèrement décomposé en notes brèves. V. également Ornements.

DODÉCAPHONIQUE: en rapport avec le système de composition créé et codifié par Arnold Schônberg (v. ce nom). Il repose sur le postulat de l'égalité absolue des douze sons (demi-tons) de l'échelle chromatique tempérée, - donc sur la négation de la hiérarchie entre les notes jusqu'alors admise. Les douze demi-tons se succèdent dans un ordre librement fixé à l'avance par le compositeur, et formant une « série » comme principe générateur de l'oeuvre.

DOMINANTE: cinquième degré d'un ton donné, - donc à la quinte de la tonique (v. ce mot): ex. solpour le ton d'utmajeur. Dans l'harmonie tonale classique, on tient là un élément d'équilibre essentiel, - la dominante créant un mouvement, une instabilité, une tension, que la tonique, stable et statique, peut seule résorber.

ENHARMONIQUE (PAR ENHARMONIE): procédé usité de modulation (v. ce mot), par lequel est momentanément établie l'équivalence, quant à la hauteur, de deux notes de noms différents mais de son identique (ex. fa dièse et sol bémol). Il est employé surtout pour atteindre rapidement des tons éloignés.

EXPOSITION: partie initiale d'une composition de style fugué ou de forme sonate. Dans la fugue (v. ce mot), présentation du sujet et de la réponse; dans la forme sonate (v. ce mot), présentation du thème et du second thème. Par extension, présentation du « matériau » thématique d'une oeuvre; lui fait suite, exploitant ce matériau, le développement (v. oemot).

FLATTERZUNGE : mot allemand. Sur les instruments à vent, articulation particulière de notes successives attaquées par, là consonne d ou t (« trémolo dental » selon Maurice Ravel), et poursuivie sur des- r répétés. Effets divers, - suivan; l'instrument et les intentions du compositeur.

FUGATO: mot italien. Passage en « style fugué », mais non astreint aux règles constitutives de la fugue: en général, une exposition de fugue, ou quelques entrées en imitation (v. ce mot). Le fugato n'est pas rare dans la partie développement d'une composition symphonique.

FUGUE: grande forme polyphonique faisant appel aux ressources du contrepoint dans le traitement, rigoureusement organisé, des différentes « voix ». Schématiquement, les règles sont : nombre constant de voix réelles et équivalentes ; monothématisme (i.e. un thème fugué - le sujet - fournit les éléments du développement complet) ; entrées successives des voix selon des principes d'imitation (v. ce mot). Schématiquement aussi, la construction fait se succéder: présentation du sujet, et réponse dans une seconde voix doublée contrapuntiquement d'un contresujet (puis sujet à la troisième voix, et réponse à la quatrième) ; développement, avec les différentes voix en imitations et des épisodes contrapuntiques plus libres ; conclusion, ou strette (v. ce mot), par entrées de plus en plus serrées du sujet et du contre-sujet dans les différentes voix.

GLISSANDO: mot italien (= en glissant). « Technique d'exécution qui consiste à réaliser un intervalle en glissant rapidement sur tous les sons intermédiaires » (Science de la Musique, Bordas, Paris 1976). On peut l'exiger aujourd'hui d'à peu près tous les instruments: Bartok, par exemple, dans sa Musique pour cordes, percussion et célesta (v. cette oeuvre), impose le glissando à des timbales à pédales.

GRUPPETTO : mot italien. Petit groupe ornemental de trois ou quatre notes précédant ou suivant rapidement la note principale. V. aussi Ornements.

HARMONIQUE: relatif et conforme à l'ensemble des règles régissant la formation et l'enchaînement des accords, - règles qui constituent une discipline fondamentale de la musique occidentale. L'harmonie, qu'on peut qualifier de « verticale », s'oppose à la mélodie dans son déroulement « horizontal ». On désigne aussi par harmonie le groupe des instruments à vent, - et par petite harmonie les bois seuls.

HOMOPHONE: s'applique aux compositions dans lesquelles mélodie principale et autres parties, simplement accompagnatrices, sont exécutées à l'unisson (ou à l'octave, ou à la double octave). Par extension, lorsque toutes les « voix » obéissent au même rythme (homorythmie).

IMITATION: procédé courant de composition polyphonique consistant dans la reproduction, dans une « voix » nouvelle, d'une mélodie (ou d'un fragment mélodique) exposée dans une « voix » antérieure. C'est un des fondements essentiels du style contrapuntique (v-ce mot).

INCIPIT. mot latin (- commence). S'applique, couramment, au début d'une phrase musicale.

INTRADA: mot italien. Équivalent d' « entrée », - pièce introductive d'une suite instrumentale. Dans un 'morceau contrapuntique (v. ce mot), première intervention d'une « voix » déterminée.

INVERSION: v. Renversement.

LIED (FORME): forme basée sur la succession de deux thèmes, - en trois parties A B A: A comme exposition du premier thème, B comme partie médiane avec un second thème, et A comme réexposition du premier thème. L'expression « forme lied » s'applique souvent au mouvement lent d'une symphonie formé d'un thème principal très développé, avec insertion brève de la partie médfi

MODULATION: passage d'une~tonalité à une autre. On module par accordpivot, par juxtaposition d'accords, par changement de mode, par enharmonie (v. ce mot).

OPUS: du latin = oeuvre (abréviation: op.). Terme permettant de repérer la situation chronologique d'une oeuvre donnée, en général suivant l'ordre de publication (et non de composition) des oeuvres d'un compositeur. Mais d'autres termes (et abréviations) de classification. peuvent intervenir, - portant normalement le nom du musicologue qui a dressé tel ou tel catalogue, pour tel ou tel musi.1cien. En outre, les oeuvres de jeunesse ou jugées mineures sont souvent dépourvues de numéros d'opus, - dont l'usage, de toute façon, tend à tomber en désuétude aujourd'hui.

ORNEMENTS (et ORNEMENTATION): dits également « agréments » et consistant, par l'ornement de brèves figures accessoires, à embellir ou varier une ligne mélodique. L'ornementation est l'art de disposer ces ornements: parmi ceux-ci, l'appogiature, l'arpègement, le gruppetto, le trille, etc. (v. ces mots).

OSTINATO: mot italien. Equivalent de basse obstinée (ou contrainte), - formule de répétition continuelle, à la basse instrumentale, d'une série de notes. Elle fut abandonnée vers le milieu du xvfiie siècle, et reprise plus librement au xixe siècle comme élément de certains grands développements symphoniques (chez Bruckner, par exemple), - et visant parfois aussi à l'effet d'envoûtement de l'auditeur (v. Stravinski).

OUVERTURE: pièce orchestrale utilisée comme introduction à un opéra (ou à un oratorio, une cantate, voire une suite instrumentale comme chez J.-S. Bach). Les anciennes dénominations furent « sinfonia », « intrada », etc. Dès le xviie siècle, on distingue l'Ouverture à la française (un mouvement lent suivi d'un mouvement plus rapide), et l'Ouverture à l'italienne (deux mouvements vifs encadrant un mouvement lent), - cette dernière annonçant la symphonie moderne. L'ouverture n'a encore que fonction décorative. Rameau sera parmi les premiers à lui conférer un rôle véritablement dramatique (avec enchaînement direct sur l'action proprement dite). Puis l'ouverture, chez Beethoven notamment, devient une sorte de résumé thématique; avant de revêtir l'aspect du « pot-pourri » sur les principaux airs de l'opéra (dans l'opéra-comique français surtout~ ou simplement celui d'un prélude orchestral (Wagner), avec préfiguration de thèmes conducteurs. Aura coexisté, par ailleurs, la forme de l'ouverture dite « de concert » (ex. les Hébrides, de Mendelssohn), - qui ne s'accompagne d'aucun drame, en tant que pièce de pure évocation musicale.

PARTICELL: de l'italien particella (= petite partie). Étape intermédiaire dans l'élaboration d'une oeuvre symphonique, - lorsque le compositeur utilise un très petit nombre de portées (en principe jusqu'à quatre) pour contrôler les conformités harmoniques de l'ensemble. Précède donc la partition, dans laquelle les différents instruments utilisés disposent de leurs portées individuelles.

PÉDALE: note tenue immuablement soit à la basse, soit à la partie supérieure, soit dans une partie intermédiaire, - pendant que les autres parties enchaînent des accords plus ou moins libres par rapport à elle. Cette pédale, exerçant une attraction tonale par rapport aux harmonies étrangères qui l'entourent, affirme donc la tonalité du morceau.

PENTATONIQUE: s'applique à une échelle de cinq sons à l'octave. Dans un tel système musical, la forme la plus typique est celle de la gamme par tons entiers sans demi-tons intermédiaires, - dont maints compositeurs au xxe siècle (influences des folklores européens, des musiques orientales) ont fait usage.

PERPÉTUEL (MOUVEMENT): ou Perpetuum mobile (ou l'italien Moto perpe- i tuo). Pièce instrumentale, de mouvement rapide et virtuose, fondée, de façon inin-, terrompue et régulière, sur des notes de valeur brève et égale.

PIZZICATO : mot italien. Sur les instruments à archet, technique consistant à pincer les cordes avec les doigts ; le son est bref, net, et mis à profit surtout dans les mouvements vifs.

POÈME SYMPHONIQUE: composition orchestrale, généralement en un seul mouvement, représentant un genre musical dont l' « idée » - d'ordre poétique, narratif ou descriptif - est extramusicale. Sa conduite, qui suit en principe un « programme », est donc extrêmement souple, même si parfois soumise à une forme pré-établie (Till Eulenspiegel, de Richard Strauss, est un rondo). Tout tend vers une exploitation maximale des ressources instrumentales de l'orchestre, ses coloris, ses pouvoirs d'évocation, voire d'illustration pure et simple. Le genre a connu son plein épanouissement dans la seconde moitié du xixe siècle (à partir de Liszt), - même si bien des oeuvres antérieures (Harold en Italie, de Berlioz, par exemple, ou même la Symphonie fantastique) apparaissent directement annonciatrices du poème symphonique.

POLYPHONIQUE: s'applique à une forme d'écriture dans laquelle se combinent plusieurs « voix », ou parties instrumentales, simultanées et dotées chacune d'une plus ou moins grande indépendance mélodique et rythmique; elles doivent néanmoins constituer un ensemble homogène. La polyphonie, de haute tradition dans la musique occidentale, représente un des moyens d'expression les plus riches pour les compositeurs.

POLYTONAL: lorsque sont superposées plusieurs tonalités différentes entendues simultanément. Mais bitonal quand ne sont superposées que deux tonalités, - ce qui représente la forme la plus simple de polytonalité.

RÉCURRENCE: dans l'écriture contrapuntique (ou le système dodécaphonique), désigne la reprise en ordre inversé des notes d'un thème (ou d'une « série »). On parle aussi d'un procédé d'écriture « à l'écrevisse ».

RELATIF (TON): s'applique pour désigner le rapport entre deux tons ayant la même armure (v. ce mot), mais dont l'un est majeur et l'autre mineur: ex. mineur relatif de fa majeur, avec tous deux un bémol à la clef.

RENVERSEMENT: interversion des rapports des sons dans un intervalle, un accord. Dans le renversement d'un motif, tous les intervalles ascendants de ce motif deviennent symétriquement descendants, et vice versa.

RÉSOLUTION: enchaînement d'un son, d'un intervalle ou d'un accord dissonant vers un autre son, intervalle ou accord consonant par un mouvement de seconde majeure ou mineure (ou de demi-ton chromatique). La résolution diminue la tension créée par la-dissonance et donne une impression d'équilibre harmonique.

RÉTROGRADATION: synonyme de récurrence (v. ce mot).

RONDO (FORME): mot italien. Forme musicale fondée sur l'alternance d'un refrain (motif principal) et de couplets (motifs secondaires). Au mouvement final de symphonies ou de concertos, le couplet peut prendre de l'importance et faire office de second thème, - le rondo s'apparentant dès lors à la forme sonate (v. ce mot).

RUBATO (TEMPO): de l'italien (= temps volé). Indication d'expression accordant quelque liberté pour accélérer ou ralentir (accelerando ou ritardando) certaines notes de la mélodie. Cet assouplissement des rigueurs de la mesure doit se garder de tout excès.

SCHERZO: mot italien (= plaisanterie, badinage). Au sens moderne (à partir de Beethoven), mouvement de symphonie à trois temps, de rythme vif, et de forme A B A, - la partie B intercalaire étant un trio modulant à partir de A (le scherzo proprement dit). Le scherzo peut être aussi une forme autonome (ex. lApprenti sorcier, de Paul Dukas).

SONATE (FORME): forme extrêmement élaborée de la musique occidentale. Elle s'est pleinement épanouie au xixe siècle sous l'aspect d'un mouvement comportant habituellement une exposition (mise en oeuvre du bithématisme, i.e. deux thèmes principaux), un développement (combinaisons de ces deux thèmes), une réexposition, et parfois aussi une coda (v. ce mot). En principe, l'Allegro initial de la symphonie à partir de Beethoven est la forme sonate proprement dite, - on parle également d'Allegro de sonate; mais, avec l'ensemble des mouvements qui lui succèdent (Adagio, Scherzo, Finale), se trouve réalisée une vaste forme sonate en quatre mouvements. Ce moule formel évoluera ensuite, - notamment avec le principe de composition « cyclique » (v., en particulier, César Franck).

SOITO VOCE: locution italienne (= sous la voix). « Indication d'exécution réclamant une émission et une expression retenues, - sans aller toutefois jusqu'au piano » (Science de la Musique, Bordas, Paris 1976).

STACCATO : mot italien (= détaché). Dans le jeu des instruments à archet notamment, exécution séparant nettement les notes les unes des autres. Exécuté lentement, le staccato tend à devenir un martellato.

STRETTE: du latin strictum (= serré). Partie finale d'une fugue, - dans laquelle les entrées successives du sujet se font très rapprochées. Plus généralement, conclusion accélérée d'un mouvement.

SUITE: composition instrumentale en plusieurs mouvements, - formant une succession de pièces de caractère contrasté mais stylistiquement unies, et écrites dans la même tonalité (du ton principal - tonique - à la dominante, puis, au travers de diverses modulations, de la dominante au ton initial). La forme type de la suite s'établit au xvile siècle (succession de quatre morceaux de danse: allemande, courante, sarabande, gigue). S'y joignent d'autres pièces telles que menuet, passepied, aria, bourrée, gavotte, etc., ainsi parfois qu'un prélude (ou ouverture) et qu'une conclusion (chaconne, passacaille, toccata). Aux xixe et XXe siècles, la suite - dite « d'orchestre » - s'émancipera de tout cadre formel, et deviendra le libre assemblage de pièces d'évocation, ou d'extraits symphoniques représentatifs d'opéras et de ballets, voire d'une musique de scène (exemples, pour l'opéra: deux suites de Carmen, de Bizet; pour le ballet: deux suites de Daphnis et Chloé, de Ravel; pour la musique de scène - suite de Pelléas et Mélisande, de Fauré).

SUL PONTICELLO. locution italienne (= au chevalet). Sur les instruments à archet, coup d'archet dans lequel le contact de cc dernier s'opère le plus près possible du chevalet; effet sonore particulier, par appauvrissement du son fondamental.